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Manchester:Une carte bancaire dans la poche du cadavre déchiqueté du « terroriste » après l'explosion

Publié le par 2012nouvelmorguemondial

Sur les photos, Salman Abedi ressemble à un adolescent mal dégrossi, dégingandé, début de moustache et oreilles un peu décollées. Il fait 15 ou 16 ans. Lundi soir, au moment de faire détonner ses explosifs, il en avait 22. C’était encore un jeune homme, d’un âge proche de celui de beaucoup de ses victimes. Heure après heure, une image, encore brouillée, se dessine. Celle d’un garçon un peu instable, coléreux et très influençable. Une cible parfaite pour un réseau terroriste. Et c’est vers cette piste que penche la police britannique, qui a ainsi indiqué enquêter sur un «réseau» et non un acte solitaire.

Le profil de Salman Abedi ne permet pas d’imaginer qu’il ait pu, seul, fabriquer une bombe «aussi grosse et sophistiquée», utilisant des matériaux «difficiles à obtenir au Royaume-Uni», a indiqué à NBC un officiel américain, citant des sources de la sécurité britannique. Une fuite inédite et répétée depuis l’explosion lundi soir à Manchester Arena. «Il est presque impossible d’imaginer qu’il n’ait pas été aidé», a-t-il ajouté.

Salman Abedi est né le 31 décembre 1994 à Manchester. Sa famille était arrivée de Libye au Royaume-Uni l’année précédente. Les premiers mois, les Abedi se sont installés à Londres, où est né le frère aîné, Ismail, 23 ans, actuellement en garde à vue. Ils ont ensuite déménagé à Manchester, rejoignant la plus grande diaspora libyenne au Royaume-Uni. Ils changeront de domicile plusieurs fois et vivront dans le quartier de Fallowfield, dans le sud de Manchester, dans une petite maison de briques rouges. Un coin bourré de jeunes : l’université de Manchester y a installé sa plus grande résidence étudiante.

Un passage en Syrie

Le père, Ramadan Abedi, 50 ans, était un officier de sécurité sous le régime de Muammar al-Kadhafi, avant d’être persécuté car soupçonné de sympathies extrémistes et de liens avec le Groupe islamique combattant en Libye (GICL), proche d’Al-Qaeda. La famille quitte la Libye en 1993.

En 2008, Ramadan Abedi repart seul en Libye, peut-être pour combattre auprès du GICL, selon plusieurs sources. Il multiplie les allers-retours entre Tripoli et Manchester. Le reste de la famille, son épouse, Samia Tabbal, et leurs deux plus jeunes enfants, Hashem, un fils, et Jomana, une fille, le rejoignent en 2011, après la chute de Kadhafi. Les deux fils aînés, Ismail et Salman, restent à Manchester «pour finir leurs études».

Joint par Reuters à Tripoli, avant d’être arrêté mercredi soir, Ramadan Abedi a catégoriquement nié tout lien avec un groupe extrémiste. Comme il s’est refusé à croire que son fils ait pu commettre une telle atrocité. «Mon fils était religieux comme peut l’être tout enfant né dans une famille pieuse. Lorsqu’il nous arrivait de discuter d’attentats similaires, il était toujours contre, disait qu’il n’existait aucune justification religieuse pour les expliquer. Je ne comprends pas comment il aurait pu être impliqué dans une attaque qui a tué des enfants.»

L’implication de Salman Abedi ne fait pourtant aucun doute. Sa dépouille a été identifiée par une carte bancaire retrouvée dans une poche de pantalon et par des techniques de reconnaissance faciale. Au cours des derniers mois, il aurait visité plusieurs pays, dont la Libye, et aurait eu des liens avérés avec «Al-Qaeda, mais peut-être aussi avec d’autres organisations», a ajouté l’officiel américain. Il aurait par ailleurs subi un «entraînement à l’étranger». Mercredi matin, le ministre français de l’Intérieur, Gérard Collomb, avait évoqué un passage en Syrie.

Les autorités britanniques auraient été alertées par des membres de sa famille, inquiets de sa radicalisation, mais il n’aurait pas été considéré comme particulièrement dangereux.

«Un visage de haine»

La scolarité de Salman Abedi semble avoir été, elle aussi, chaotique, avec des changements d’écoles fréquents. Il a ainsi passé les deux dernières années de sa scolarité, entre 2009 et 2011 à Burnage Academy, un lycée pour garçons. Sur son site, l’école a confirmé la présence de Salman Abedi dans ses murs et indiqué aider l’enquête policière. Un ancien camarade de classe parle d’un adolescent pas très impliqué, «qui ratait souvent les cours sans explication, très influençable, coléreux». A la sortie de l’école, il se tourne de plus en plus vers la religion.

Comme toute la famille, il fréquente la mosquée de Didsbury. Son père, dévot, sera chargé d’appeler les fidèles à la prière à plusieurs reprises. La mosquée se dit modérée et moderne et un imam a confié que Abedi avait cessé de la fréquenter il y a environ un an, après un de ses prêches condamnant l’Etat islamique. «Salman m’a montré un visage de haine après mon prêche sur l’EI», a déclaré aux médias Mohammed Saeed.

En septembre 2015, Salman Abedi, bon joueur de football et supporteur de l’équipe de Manchester United, s’inscrit à Salford, l’une des quatre universités de la ville. Il y suit officiellement des cours de business management, auxquels il assiste très peu. Il se réinscrit en 2016, mais ne se montre pas plus assidu et ne reçoit finalement jamais de diplôme. Il aurait un temps travaillé dans une boulangerie.

Salman Abedi venait de passer trois semaines en Libye, il était rentré la semaine dernière. «La dernière fois que nous avons parlé, je lui ai dit qu’il devrait venir pour le ramadan avec nous en Libye et il n’a pas paru contre», dit son père. En fait, Salman Abedi pourrait s’être rendu à Londres, le week-end avant l’attentat, peut-être afin d’y rencontrer des complices. Lundi soir, il était à la Manchester Arena, à la sortie du concert d’Ariana Grande. Prêt.