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Malgré les attentats,Angela Merkel défend l'accueil de réfugiés

Publié le par 2012

Critiquée, Angela Merkel tient bon. Elle a défendu avec fermeté jeudi sa politique d'accueil des réfugiés.

Il y a près d'un an, alors que des dizaines de milliers de migrants se pressaient aux portes de l'Allemagne, la chancelière allemande avait tenté de rassurer son pays avec une phrase restée dans les annales : « Nous y arriverons ! » Avec les attentats, ses détracteurs y voient aujourd'hui la preuve de son échec, mais Merkel l'a réitérée jeudi à Berlin, lors d'une conférence de presse convoquée au beau milieu de ses vacances du fait du choc créé dans le pays. « Je suis aujourd'hui comme hier convaincue que nous allons arriver à mener à bien cette épreuve historique », a-t-elle insisté, « nous allons y arriver et nous avons déjà réussi beaucoup ».

Renforcement des forces de police

« Les terroristes veulent remettre en cause notre disposition à accueillir des gens en détresse, nous nous y opposons fermement », a-t-elle lancé. « Les gens ont peur » à la suite des récents attentats ou attaques, mais « la peur ne peut servir de fondement pour l'action politique », a-t-elle souligné. « Le principe fondamental selon lequel un pays comme l'Allemagne ne peut renoncer à sa responsabilité humanitaire, mais au contraire doit l'assumer est valable. » Dans le même temps, elle a annoncé un renforcement des effectifs de police, promis de faciliter l'expulsion de réfugiés enfreignant la loi, de mieux déceler la radicalisation islamiste chez les demandeurs d'asile et évoqué la possibilité pour l'armée allemande d'assumer des fonctions de police en cas de gros attentats. Une chose qui appartient au quotidien de pays comme la France ou la Belgique, mais qui constituerait un grand changement pour l'Allemagne, où les compétences des militaires sont très encadrées depuis la période nazie.

La chancelière se trouve sous intense pression depuis que deux attentats, revendiqués par l'organisation État islamique (EI), ont été commis en une semaine en Bavière (sud) par des demandeurs d'asile : dimanche, près d'un festival de musique à Ansbach et le 18 juillet dans un train à Wurtzbourg. En outre, un jeune forcené a tué neuf personnes à Munich le 22 juillet, toutefois l'acte est sans lien avec l'islamisme. Les responsables conservateurs de Bavière (CSU) ont repris leur offensive contre Angela Merkel, après l'avoir mise en sourdine en raison de la baisse du nombre d'arrivées de réfugiés qui tournent actuellement au rythme de cent par jour, après plus d'un million de migrants en 2015. « Le terrorisme islamiste est arrivé en Allemagne », a tonné le président de la CSU, Horst Seehofer.

Merkel joue gros

« Nous attendons de manière urgente que l'État fédéral et l'Europe agissent », a renchéri jeudi son ministre bavarois de l'Intérieur, Joachim Herrmann, « nous avons besoin de sécurité, de transparence, de droit et d'ordre pour ce qui concerne les réfugiés en Allemagne ». Angela Merkel joue gros à quelques semaines d'élections régionales en forme de test, en particulier sur ses propres terres dans le Mecklembourg (nord-est), où son parti est talonné dans les sondages par la droite populiste, et à un peu plus d'un an des élections législatives. « Il semble que le coup de folie meurtrier [de Munich, NDLR] et les deux attentats commis en l'espace d'une semaine aient un impact psychologique similaire aux agressions de la Saint-Sylvestre à Cologne », met en garde jeudi le quotidien de centre gauche Süddeutsche Zeitung.

À l'époque, les agressions sexuelles contre des femmes à Cologne, commises pour l'essentiel par des migrants, avaient largement contribué à retourner la population allemande contre les réfugiés et faire chuter le parti d'Angela Merkel au profit de la droite populiste de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD). La chancelière était parvenue ces dernières semaines à regagner une partie du terrain perdu. Mais désormais, « le risque existe que cela se répercute pleinement sur la politique suivie sur les réfugiés », indique à l'AFP Martin Emmer, professeur à l'université FU de Berlin.

http://www.lepoint.fr/europe/allemagne-merkel-defend-toujours-sa-politique-sur-les-migrants-28-07-2016-2057703_2626.php