Le Piton de La Fournaise nous préparerait-il une nouvelle éruption, moins d'un mois après le bref spectacle des 3 et 4 avril ?
Tout en tout cas semblait l'indiquer ce lundi, même si on ne peut affirmer avec certitude à ce stade une éruption à courte échéance. Toujours est-il que ce lundi, l'Observatoire volcanologique du Piton de La Fournaise (OVPF) enregistrait des données qui sont autant de signes précurseurs d'une éruption.
"On observe actuellement le schéma typique d'avant chaque éruption. La situation est similaire à celle observée le 31 mars dernier, avant l'éruption de début avril", souligne Aline Peltier, directrice de l'OVPF, confirmant le dernier bulletin de l'Observatoire, publié lundi midi.
Depuis samedi, la sismicité à l'aplomb de la zone sommitale du Piton de la Fournaise a repris. La journée de dimanche, 24 séismes ont été enregistrés. Une accélération de la sismicité qui montre que la pressurisation du réservoir s’accélère et que ce dernier se fragilise. "Cette fragilisation est constatée depuis plusieurs jours, et montre qu'on est proches d'une rupture du toit de la chambre magmatique", complète Aline Peltier.
De plus, on assiste à la poursuite du gonflement du volcan, observée après la fin de l’éruption des 3 et 4 avril dernier. Un phénomène qui selon Aline Peltier, montre que la chambre magmatique, à moins de deux kilomètres sous la surface, a continué de se réalimenter depuis la dernière éruption.
Enfin, dernier signe précurseur, la diminution du taux de CO2. "Les valeurs des émissions de CO2 vont généralement en augmentant une quinzaine de jours avant une éruption. Car quand le magma va remonter vers la surface, il va pousser le CO2. Quand il n'y en a plus, ça veut dire que le magma est haut dans la chambre magmatique", explique Aline Peltier.
Du coup, tous les voyants sont au vert pour une prochaine éruption dans les prochains jours... ou pas ! "Tout est possible", selon la directrice de l'Observatoire. "On a déjà assisté, en 2016, à cette même phase d'avant éruption, mais rien ne s'était passé...", se rappelle-t-elle. "Avant, c'était plus linéaire, mais depuis 2007, on ne peut plus rien prévoir", termine Aline Peltier. En attendant une crise sismique qui viendrait bel et bien confirmer l'imminence d'une nouvelle éruption, rien n'est certain.
Pour rappel, le 1er avril dernier, l'OVPF rendait compte d'une situation similaire à l'actuelle. Deux jours plus tard, le volcan entrait en éruption.
Depuis ce 21 avril 2018, l'activité sismique a repris au Piton de la Fournaise. Dans son dernier bulletin de suivi d'activité publié ce lundi 23 avril, l'Observatoire Volcanologique indique également que la poursuite du gonflement observée cache une réalimentation profonde en magma. Nous publions le bulletin ci-dessous.
Depuis le 21 avril dernier l’activité sismique à l'aplomb de la zone sommitale du Piton de la Fournaise a repris avec notamment 24 séismes enregistrés le 22 avril. Ces séismes volcano-tectoniques superficiels (< à 2 km de profondeur) ont été enregistrés sous la zone sommitale.
Cette reprise de la sismicité et l’accélération observée hier font suite à :
- la poursuite de l’inflation (gonflement) de l’édifice observée suite à la fin de l’éruption du 3-4 avril (jusqu’à 2.5 cm d’élongation au sommet en 15 jours), synonyme d’une réalimentation profonde en magma et d’une pressurisation du réservoir magmatique superficiel
- une forte augmentation de la concentration en CO2 dans le sol observée en champ lointain suite à la fin de l’éruption du 3-4 avril, suivie, à partir du 19 avril, par une très forte chute des concentrations (Figure 3). Cette évolution côté géochimie met en évidence également une poursuite de la réalimentation profonde et un possible transfert vers de plus faibles profondeurs (réservoir superficiel) depuis mi-avril (baisse du CO2 sol).
Bilan : L’accélération de la sismicité observée hier montre que la pressurisation du réservoir s’accélère et que ce dernier se fragilise.