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[NOUVEL ORDRE MONDIAL]Vivier numérique des gilets jaunes, Facebook a permis au mouvement de s'organiser à coup d'événements et de groupes devenus très populaires. Face à la disparition de leurs publications ou à la suspension de leurs comptes, des membres du réseau crient à la censure politique.

Publié le par 2012nouvelmorguemondial

 Vivier numérique des gilets jaunes, Facebook a permis au mouvement de s'organiser à coup d'événements et de groupes devenus très populaires. Face à la disparition de leurs publications ou à la suspension de leurs comptes, des membres du réseau crient à la censure politique.
Facebook est décidément accusé de tous les maux. Le réseau social américain, épine dorsale numérique du mouvement des gilets jaunes, est décrié par bon nombre de sympathisants du mouvement de contestation. En cause, la disparition de leurs publications, coups de gueule, pages ou événements mis en ligne sur la plateforme.
Sur Facebook, fleurissent les théories de "censure politique" orchestrée par le réseau social, en insinuant bien souvent une requête du gouvernement. Pour retrouver leur liberté d'expression perdue, certains gilets jaunes ont d'ores et déjà migré vers d'autres réseaux, ou vers des méthodes plus originales: ainsi du fait d'échanger rapidement leurs numéros de mobile ou de copier/coller des messages d'avertissement, avant que leurs voix ne soient étouffées.

Le thème de la "censure politique" sur Facebook est loin d'être nouveau et revient régulièrement. En mai 2017 déjà, plusieurs comptes d'extrême droite indiquaient avoir fait l'objet d'une telle sanction, comme le rapportait CheckNews. Le mouvement des gilets jaunes ne fait que lui donner une ampleur nouvelle. Une panne du réseau survenue le 20 novembre a été interprétée sous ce prisme. De nombreux militants y ont vu une "étrange coïncidence", voire une tentative de musèlement des consciences. En réalité, l'incident temporaire a concerné d'autres pays que la France, dont l'Angleterre, la Malaisie et l'Indonésie, mais aussi d'autres services détenus par Facebook, tels que Messenger, Instagram ou encore Oculus. L'entreprise a par la suite confirmé qu'il s'agissait de "dégradations de performance" temporaires sur l'ensemble de ces plateformes.

Des disparitions de contenus spontanées

Le contexte de forte tension politique a également donné un écho singulier à une annonce d'Emmanuel Macron, survenue le 12 novembre. Lors d'une réception tenue à l'Elysée, le président de la République a fait part d'un partenariat à venir entre le gouvernement et Facebook pour observer les règles de modération du réseau et parvenir à mieux réguler les contenus illégaux. La nouvelle est venue apporter de l'eau au moulin des partisans d'une censure politique.

Une énième publication dénonce une censure opérée par Facebook.

Aucun accord n'existe entre le gouvernement et Facebook pour étouffer les voix dissidentes, assure-t-on du côté du gouvernement. Par ailleurs, l'expérimentation annoncée par Emmanuel Macron n'a pas encore débuté. "Elle ne commencera qu'à partir de janvier prochain", rappelle Florian Humez, directeur du cabinet de Mounir Mahjoubi, auprès de BFM Tech. "Il s'agira non pas de mettre en place une censure mais une régulation intelligente des contenus, sur Facebook et d'autres réseaux sociaux populaires tels que Twitter, afin d'éviter la propagation de contenus illégaux, tels que les propos violents, antisémites, homophobes ou relatifs au cyberharcèlement. Pour cela, une dizaine d'experts seront envoyés en observation chez Facebook".
"Nous avons aujourd'hui deux options", complète Florian Humez. "Soit on ne fait rien, soit on met en place des règles pour demander à Facebook et aux autres plateformes de censurer tous les contenus dans un délai restreint, sous peine d’écoper d’une amende. Cette deuxième option a été privilégiée par l'Allemagne, où Facebook a tendance à retirer des contenus qui pourraient rester en ligne, par peur de l'amende. "Nous préférons quelque chose de plus évolutif et souple", conclut Florian Humez.
Le point sur les règles de modération
Pour rappel, les publications mises en ligne sur Facebook peuvent être supprimées dès lors qu'elles ont été repérées par les algorithmes du réseau, ou signalées par ses membres, et contreviennent à ses conditions d'utilisation. Lesdites "fake news" font l'objet d'un traitement particulier. Le règlement de Facebook ne permet pas à ses équipes de supprimer une publication parodique ou tout bonnement fausse. En revanche, l'algorithme du réseau peut les reléguer au bas du fil d'actualité, pour les rendre moins visibles.
Pour ce qui est des comptes, une désactivation temporaire peut être effectuée par Facebook en cas d'utilisation d'un faux nom, de publication de contenus qui ne respectent pas les conditions d'utilisation du réseau ou encore d'usurpation d'identité.
Autant de conditions d'utilisation n'empêchent pas certains contenus, à même de tomber sous le coup d'une "censure politique", de rester en ligne. La possibilité de voir leurs publications censurées prend des allures d'argument marketing pour ceux qui en sont les auteurs. Ainsi de ce message repéré par un journaliste du Monde, consulté plus de deux millions de fois.
Facebook en vient parfois à supprimer des publications "dès lors que l'on touche à des sujets comme le féminisme ou la crise migratoire", estime auprès de BFM Tech le youtubeur Valek Noraj (183 000 abonnés), qui a publié le 23 novembre une vidéo pour analyser le mouvement des gilets jaunes. Cela dépend selon lui du succès du contenu publié. "Il peut arriver que la suppression survienne en moins de deux heures, mais cela peut prendre jusqu'à 72 heures. Cela ne concerne pas uniquement Facebook mais également Twitter et surtout YouTube", ajoute-t-il.
Le responsable de la chaîne YouTube "Osons causer" (207 000 abonnés) présente une autre version des faits. "Nous n'avons pas fait les frais d'une censure politique sur Facebook, du moins pas à notre connaissance. L'une de nos vidéos qui était très consultée est devenue invisible pendant plusieurs heures, mais on imagine qu'il peut s'agir d'une procédure de vérification des contenus qui buzzent "trop vite"."
Le cas Nordpresse
En juin, c'est le site parodique Nordpresse, équivalent belge du "Gorafi", qui avait blâmé Facebook pour avoir censuré ses articles liés à l'affaire Benalla. "Depuis ce matin, nous avons reçu des centaines de messages de gens qui ont vu leurs partages d'articles Nordpresse supprimés de Facebook puisque considérés comme indésirables", s'était ému le site sur sa page Facebook. Ses responsables pointaient déjà du doigt une collusion entre le pouvoir et Facebook en faisant valoir que "le patron de Facebook France" était "en lien direct avec l'Elysée"
En réponse, Facebook avait indiqué faire face à un "bug technique" empêchant les miniatures des articles de Nordpresse de s'afficher. Concernant les contenus jugés "indésirables", l'entreprise américaine avait fait remarquer que Nordpresse troquait parfois son nom de domaine contre celui d'un média plus sérieux, tel que "France Info", "Le Parisien" ou "Actu Belgique", afin de faire croire aux internautes qu'ils partageaient un contenu fiable. Or, les règles de Facebook interdisent le fait de "recourir à des méthodes artificielles pour "augmenter le taux de diffusion en vue de générer des gains", ou d'"inciter à partager, à aimer ou à cliquer sous de faux prétextes".
Pour les membres de Facebook qui s'estimeraient lésés par la politique du réseau, un recours existe. Il est accessible via ce formulaire.