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Comment les auteurs des attentats de Paris sont-ils passés entre les mailles du filet antiterroriste ?

Publié le par 2012

De nombreuses interrogations demeurent sur les moyens par lesquels les frères Kouachi et Amedy Coulibaly sont parvenus à leurs sinistres projets. Car si les forces de l'ordre ont fait preuve d'un grand professionnalisme pour mettre hors d'état de nuire les trois hommes, les services antiterroristes eux n'ont manifestement pas eu les moyens de prévenir ces attentats. La "cellule" Kouachi-Coulibaly serait-elle donc passée entre les mailles des filets du renseignement extérieur et du Ministère de l'intérieur ?

Les écoutes des frères Kouachi par les services français se seraient arrêtées en mai 2014 selon Paris Match. Mais les services américains ne se sont pas privé, pour leur part, d’écouter la femme de Kouachi et celle de Coulibaly, contrairement aux services français qui ont renoncés à cette procédure pour des raisons juridiques, toujours selon Paris Match. De même, la veille des évènements les services secrets algériens auraient averti les autorités françaises de l'imminence d'une attaque sur le sol français selon Itélé. Or par le passé, les services français ne se sont pas gênés pour faire appel à l'expertise de services étrangers afin d'élucider des affaires sur lesquelles pesaient le soupçon du terrorisme. Lors de l'explosion du Hangar de l'usine AZF par exemple, les RG avaient sollicité l'avis de l'attaché de la police israélienne à Paris concernant une des pistes du dossier.

Source: http://azf-10h18.com/public.html

Source: http://azf-10h18.com/public.html

Même si dans le cas d'AZF, cette vérification était postérieure à l'évènement (près d'un mois après), les services de sécurité français échangent en permanence des informations avec des services étrangers. On peut donc s'étonner que dans le cas du trio Kouachi-Coulibaly, les écoutes de la CIA n'aient pu transiter plus vite vers Paris. D'autant plus lorsque l'on sait que les services français demandent parfois l'aide de services beaucoup plus éloignés. Le Figaro du 9 janvier révèle par exemple qu'"à Paris, par réalisme, certains patrons de l’antiterrorisme souhaiteraient reprendre [la collaboration avec les services syriens] , mais le pouvoir politique s’y oppose fermement. Il autorisa pourtant fin 2013 une délégation de la DGSE puis une autre de la DCRI à aller quémander l’aide syrienne pour tarir le flot de djihadistes." Pourquoi donc la France n'a t-elle pas "quémandé" l'aide de la CIA pour "tarir le flot de djihadistes" ? Qu'est-ce qui a empêché les autorités françaises d'obtenir ces écoutes à temps ?

Quant à l'attitude de la police française, ou plutôt du Ministère de l'Intérieur, de sérieuses interrogations demeurent. Même si la surveillance de Charlie Hebdo avait été allégée, les services de Police reçevaient toujours des ordres spécifiques pour assurer la protection du bâtiment rue Nicolas Appert. Et dans les mois qui précédèrent l'attaque, plusieurs évènements aujourd'hui rapportés par la presse peuvent apparaître comme les signaux de l'imminence d'une attaque.

carte des signalements

carte des signalements

  • Premièrement, un témoignage qualifié de "troublant" par Paris Match avait été recueilli par sa rédaction le 30 décembre 2014. En effet selon le témoin, deux hommes vêtus de noirs auraient été filmé par un troisième homme en train de scander qu'ils allaient "tuer la Police" devant la synagogue de la place des Vosges, soit à quelques centaines de mètres de la rue Nicolas Appart. Après la diffusion des visages des auteurs des attentats de Paris à la télévision, le témoin aurait reconnu Amedy Coulibaly et les frères Kouachi avant d'en avertir la police.
  • Le même jour, à quelques kilomètres de là, Amedy Coulibaly et sa compagne Hayat Boumeddienne ont été stoppé par deux motards pour un banal contrôle routier dans le 19e arrondissement de Paris. Or selon le Canard enchaîné, les policiers constatent qu'Amedy Coulibaly est fiché "PJ02" ce qui signifie qu'il est considéré comme dangereux et appartenant  à la mouvance islamiste. Les deux motards ont automatiquement procédé à un signalement à leurs supérieurs et à l'antiterrorisme. Sans suite.
  • Toujours selon une information publiée dans le Canard enchaîné et rapportée par Paris Match "il y a quelques mois, alors que la surveillance policière autour de «Charlie Hebdo» vient d'être allégée, deux hommes se présentent rue Appert, dans le XIème arrondissement de Paris, où est située la rédaction de l'hebdomadaire. Dans la rue, ils interrogent un journaliste qui travaille dans une agence de presse voisine. D'un ton «menaçant», selon l'hebdomadaire, ils cherchent à savoir si «Charlie Hebdo» est bien installé dans le quartier. Le journaliste se rendra ensuite dans un commissariat pour signaler les deux individus, ainsi que l'immatriculation de leur voiture".
  • L'hebdomadaire Télérama qui a recueilli les témoignages des survivants de Charlie Hebdo a quant à lui rapporté le 16 janvier : "Charb était adepte du tir sportif. Pour se délester de cette présence policière, il avait demandé une autorisation de port d'arme. Sans suite. Il savait que sa vie était en jeu. Il était visé par une fatwa d'al-Qaida, peu ébruitée pour ne pas donner d'idées aux âmes perdues. La menace restait diffuse."
  • Une heure après l'attentat contre Charlie Hebdo, c'est cette fois un voisin de la fusillade qui déclare sur France Info avoir aperçu un homme suspect et une voiture de police plusieurs heures avant l'attaque (vers 7H30). Et en effet, Selon Le Monde du 9 janvier, "Le matin de l’attaque, trois patrouilles avaient eu lieu aux abords du journal selon un trajet prédéfini par les policiers. Charb, le directeur de la publication, bénéficiait toujours d’une protection policière permanente de deux policiers du service de protection des personnalités. Les hommes étaient quatre à se relayer autour du dessinateur. L’un d’eux a été tué lors de l’attaque. […] Quand les assaillants ont pénétré dans les locaux du journal, il n’y avait pas de garde statique comme cela avait pu être le cas lorsque la rédaction officiait dans le 20e arrondissement, mais une protection dite « dynamique ». Soit une surveillance resserrée par des rondes et patrouilles qui passaient toutes les demi-heures".

Si comme l'indique le quotidien, il y avait une ronde toutes les demi-heures, cela laissait une fenêtre d'intervention très courte pour les assaillants.

http://attentatsdeparis.over-blog.com/2015/01/comment-les-auteurs-des-attentats-de-paris-sont-ils-passes-entre-les-mailles-du-filet-antiterroriste.html