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Après Macron et Castaner dernièrement . la socialiste,garde des Sceaux et ministre de la Justice invitée chez les franc-maçons.Le retour de Taubira ?

Publié le par 2012nouvelmorguemondial

BELLOUBET ADAM Dîner 26 janv 2019
Nicole BELLOUBET, garde des Sceaux, et Pierre-Marie ADAM, Grand Maître de la GLDF, le 26 janvier 2019. Photo François Koch.

Le 26 janvier peu après 20 heures, j’ai rencontré la garde des Sceaux Nicole Belloubet au Dîner annuel de la Grande Loge de France, la deuxième obédience forte de 34 000 frères. La ministre de la Justice était invitée pour présider ces agapes maçonniques dans les sous-sols du siège de la GLDF, Rue Puteaux à Paris, où se trouvaient deux cents convives, maçons ou pas, autour de tables rondes.

A son arrivée dans la salle, j’ai un court dialogue avec la patronne de la chancellerie, que j’aborde avec une question ouverte. Que connaissez-vous de la franc-maçonnerie ? «Rien du tout avant mon arrivée ici, il y a dix minutes», me répond-elle pince-sans-rire. Devant mon étonnement sûrement visible, elle ajoute : «Je n’appartiens à aucune obédience.» Sans attendre une seconde question, elle inverse les rôles en m’interrogeant : «Savez-vous si le Président de la République est franc-maçon ?» Bien interloqué par la question, je lui réponds que je ne crois pas qu’il ait été initié. «Mais s’il l’était, le dirait-il ?», poursuit la ministre en souriant, démontrant qu’elle connaît tout de même un peu les us et coutumes des frères «trois points». J’ai juste le temps de lui répondre qu’un chef de l’Etat aurait du mal à cacher une appartenance maçonnique, qu’il y aurait nécessairement eu un bavard pour en parler… qu’elle est happée par le Grand Maître de la GLDF, Pierre-Marie Adam, qui lui présente ses invités de marque avant de l’inviter à s’assoir à la tableau d’honneur.

«Nous sommes à votre disposition.»

«Des menaces pèsent sur notre démocratie, la notion même de communauté nationale se délite», s’alarme la haut dignitaire maçonnique Adam dans son discours introductif, alors que ses invités dégustent en apéritif les pommes d’amour en habit rouge et les gambas rôties aux épices douces et radis vert. Et le Grand Maître de se livrer à un savant numéro d’équilibriste. «La GLDF ne s’immisce pas dans les controverses politiques et religieuses, nous ne donnons pas de leçon aux responsables politiques… Mais nous les recevons. La GLDF souhaite participer au débat public.» Au risque de surprendre son auditoire initié, le Grand Maître se laisse même aller à ce qui ressemble fort à une offre de service : «Madame la garde des Sceaux, nous sommes à votre disposition… Vous pouvez nous faire signe, c’est une incitation forte…»

Belloubet livre ses 4 convictions

Après le homard rôti aux épices d’Olivier Roellinger, crémeux de fèves et pois chiche et raisins, Nicole Belloubet planche sur la Justice en exposant ses quatre convictions.

1ère conviction : «La Justice est le socle essentiel de la vie en société.» D’où la nécessité qu’elle soit accessible à tous, en évitant tout désert judiciaire. Et de citer sa réforme fraichement votée où les tribunaux judiciaires remplaceront les tribunaux d’instance et les tribunaux de grande instance… un guichet unique destiné à simplifier la vie des justiciables… mais qui ne convainc pas tous les magistrats ni tous les avocats, loin s’en faut.

2ème conviction. «Notre Justice doit servir l’intérêt général… sinon la Justice serait injuste.» Et la garde des Sceaux d’insister sur la nécessité d’une «justice compréhensible», où l’on bannit les «procédures complexes». En clair: «Des délais raisonnables avec des juges en nombre suffisants et des décisions lisibles.» On en est encore loin. Parfois très loin. «Comment faire confiance à la Justice, si elle ne tient pas ses promesses ?» Et la ministre de citer les courtes peines de prison non exécutées. Envoyer en détention des délinquants est souvent «inutile et désocialisant», ce qui nourrit la récidive, ajoute la ministre. «Il est indigne d’entasser des détenus alors que pour certains d’entre eux, d’autres solutions pourraient être trouvées.» Sa solution : augmenter le nombre de places de prisons et développer d’autres modes de sanction. Christiane Taubira avait eu le même discours, sans enrayer la surpopulation carcérale. Nicole Belloubet réussira-t-elle ?

3ème conviction. «Une justice qui ne serait pas en adéquation avec les réalités économiques et sociales ne répondrait pas aux préoccupations de tous (…) La Justice n’est pas seulement un socle, c’est un horizon.» Et de citer l’expérimentation d’un tribunal criminel départementale permettant que tous les crimes soient jugés comme crimes, alors que nombre d’entre eux sont correctionnalisés.

4ème conviction. «Il n’y a de Justice qu’humaine.» La garde des Sceaux a voulu calmer les inquiétudes nourries par la capacité des ordinateurs de digérer les jurisprudences, et d’en déduire des «décisions moyennes» qui rendraient la Justice prévisible, comme robotisée. «Jamais un algorithme ne pourra remplacer l’accueil physique du justiciable, la défense d’une victime par son avocat ou la décision que rend un juge », ajoute Nicole Belloubet. Pas sûr que cela suffise à rassurer les juges.

«La Justice sera si on la fait.»

Avant de déguster le bœuf, poivre fumé et oignon brûlé, galettes de pomme de terre vonnassiennes de la Mère Blanc, purée de chou romanesco et condiment pastrami, le tout arrosé de Châteauneuf du Pape Blanc domaine l’or de line 2017,  Nicole Belloubet a conclu par une citation d’Alain: «La Justice sera si on la fait.»

«Aller vers l’idéal, comprendre le réel», a lancé le Grand Maître Adam, renvoyant une citation, de Jean Jaurès, à celle de la garde des Sceaux Belloubet. Un clin d’œil à Christiane Taubira, qui invitée par la GLDF au même endroit en 2014, avait aussi fait l’éloge de Jean Jaurès ?

Belloubet pas assez libérée, délivrée?

Alors que les convives se délectent d’un cigare russe garni d’un coulant à la noisette française, avec volute de crème légère à la vanille et quenelle d’une glace vanille, ils échangent sur ce qu’ils viennent d’entendre. Certains ne cachent pas un petit malaise, une certaine déception. «J’aurais aimé que la ministre soit moins scolaire, plus libérée et enflammée», dit l’un. «Pourquoi n’a-t-elle pas choisi un thème plus concret, moins hors sol?», se demande un autre participant à ce dîner. Il est vrai que Nicole Belloubet n’a singulièrement fait aucune allusion à la crise des gilets jaunes, aux violences des casseurs, aux bavures policières et à la surcharge des tribunaux qui jugent à la chaîne en comparutions immédiates. Par prudence devant un auditoire maçonnique dont elle ne connaissait pas les attentes ?

A LIRE AUSSI 

Pour la 2 ième fois (sept 2018) le ministre de l’Intérieur Christophe CASTANER a invité à dîner à l'Elyssée ce 15 janvier les leaders des principales obédiences maçonniques françaises.

 

Quand MACRON mange avec les Maçons